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Le blog du Malandrin

15 novembre 2016

Bonjour et merci!

bonjour

C'est le premier article de ce blog et je tiens à saluer comme il se doit mes premiers lecteurs et de leur dire un grand merci pour cette attention portée à mes pérégrinations mentales. Bonjour! Et merci d'être venu!

Maintenant que cela est dit, entrons dans le vif du sujet. Dans ce blog il sera beaucoup question de politique, principalement autour des questions de démocratie et d'éducation. Et justement, maintenant que les politesses d'usages ont été échangées, j'aimerais m'attarder sur un sujet de société qui semble majeur: l'apprentissage de la politesse.

J'irai droit au but: j'ai une aversion totale pour la politesse forcée. Cela me hérisse le poil quand j'entends un parent dire à son enfant "qu'est ce qu'on dit?". Souvent à ce moment là je ne trouve pas grand chose d'autre à répondre que des balbutiements, mais le père ou la mère insiste et l'enfant me sort un triste "merci" dénué de toute motivation.
Jusqu'à aujourd'hui, je n'avais pas pris la peine de me pencher sur ce ressenti que j'avais afin de comprendre ce qui me dérangeait profondément dans cet acte, au point d'en être mal à l'aise. Je me souviens de ces moments passés dans un parc à donner des carottes aux animaux et où je voyais l'envie dans les yeux de l'enfant de m'imiter. Une envie teintée d'intimidation face à la grande bouche pleine de dents des animaux derrière la grille. Alors, voyant qu'ils n'oseraient jamais demander, je leur donnais une carotte afin qu'ils la tendent eux même à l'appétit de la bête. J'avais la plus grande satisfaction à voir leur plaisir et leur tentative pour faire passer le légume au travers du grillage tout en évitant de se faire grignoter les mains.

Chaque fois (et je dis bien chaque fois), ce plaisir était gâché par le fameux "qu'est ce qu'on dit?" ou la variante "tu as dit merci au monsieur?" qui transformait ce moment de don en un moment de gène. Après tout, l'enfant ne m'avait rien demandé et je n'attendais rien de lui. Les parents pensaient ils que j'avais fait un cadeau à cet enfant dans le but qu'il me gratifie d'une formule de politesse? Non, je l'avais fait car ça me faisait plaisir d'offrir un peu de joie et son sourire et son amusement étaient les seules récompenses que j'attendais.

Suis-je un affreux qui voudrait que les enfants soient tous des monstres malpolis? Je ne le crois pas. En réalité, je ne vois pas l'impolitesse à accepter un cadeau sans rien dire, surtout à cet âge, où les normes sociales de politesse n'ont pas encore été intégrées.

"Justement, me direz vous: c'est pour que cette norme soit intégrée qu'on leur fait dire merci". Mais je ne suis pas d'accord. Ce qui me vient à l'esprit c'est que cet enfant ne m'a pas dit merci parce qu'il le voulait, mais parce qu'on l'a contraint à le faire par la menace ou par une suggestion plus mielleuse mais tout aussi contraignante. Il n'a pas compris le sens de ces mots. Mon impression est que ce qu'on enseigne là est l'hypocrisie et l'obéissance et non la politesse. Imaginerions-nous faire la même chose avec un adulte qui aurait omis de dire le mot magique? Nous nous contenterions sans doute d'être outré puis, par peur du conflit, nous maugréerions sans doute dans nos barbes un timide "et merci, c'est pour les chiens?". Si j'avais vraiment voulu montrer ma désapprobation (ce qui aurait été ridicule), j'aurais pu ne plus distribuer mes victuailles et m'en aller.

"Mais il faut bien que les enfants apprennent la politesse, sinon ils deviendront grossiers et ils ne pourront pas vivre en société!". Fort bien. Si vous tenez absolument à leur enseigner la politesse, pourquoi ne pas leur montrer l'exemple en me disant vous même merci? Après tout, vous aussi avez le droit d'être reconnaissant à l'égard d'un étranger bienveillant avec votre famille. Ainsi, vous montrerez à votre enfant l'usage en société sans le lui matraquer au visage et vous m'éviterez de regretter mon geste de partage. Il est bien connu et c'est devenu une évidence que les enfants imitent le comportement de leurs parents (et des personnes de leur entourage proche en général). Commencez par vous demander si, vous même, vous êtes quelqu'un d'aimable. Si c'est le cas, il y a de grande chance que votre bambin finisse par devenir une personne normale, capable de jurer et d'être désagréable comme d'être d'une civilité à toute épreuve selon les situations.

Je suis bénévole dans une école alternative, j'ai l'occasion d'accueillir les enfants le matin, dont une petite fille dans un fauteuil roulant plutôt encombrant. Et chaque matin où je suis d'ouverture, je lui ouvre les portes en grand afin qu'elle puisse passer. Et toujours la mère insiste pour qu'elle me dise merci; ce qu'elle fait. Je commence à protester. C'est normal après tout de lui ouvrir la porte! Voudrait elle que je la laisse se débrouiller? A-t-elle la possibilité de faire ce geste elle-même afin de n'avoir à compter sur personne? La réponse est non, et chaque fois je sens que je vole ce merci. Si elle me le disait d'elle même pourquoi pas, mais que son handicap soit un prétexte de réprimande me trouble. Je ne dis rien, j'ai peur de heurter les sentiments de la mère et ce qu'elle croit être une bonne éducation. Bref, la journée se poursuit et je finis par discuter avec l'enfant tandis que je fais la cuisine à côté d'elle. Je lui explique que je n'aime pas que les parents forcent leurs enfants à dire merci et que je trouve normal de lui ouvrir la porte tous les matins et qu'elle n'a pas à me dire merci. Elle semble me comprendre, même si ça lui semble étrange que je lui dise ça. La semaine suivante, je lui ouvre de nouveau la porte et rebelotte, la mère lui demande de me dire merci. Pas de réponse. Je la regarde, elle me fait un sourire et je comprends. Alors je m'adresse à la mère: "pas d'inquiétude, je lui ai dit que je préfèrais qu'elle ne me remercie pas." Elle n'insiste pas.

Ce petit moment a illuminé ma journée. J'ai senti la joie et la compréhension dans le sourire que la jeune fille m'a adressé et j'y ai vu plus de reconnaissance que dans mille "merci" fades. La semaine suivante, la mère récidiva. On ne change pas les vieilles habitudes n'est ce pas? Pourtant cette enfant est d'une gentillesse et d'une politesse incroyable, peut être même un peu trop. Je n'en veux pourtant pas à la mère, après tout elle fait comme la plupart des gens et je suis convaincu que les choses évoluent lentement.

A présent j'aimerais que les parents arrêtent de se servir de moi pour "éduquer" leurs enfants de cette manière. Je ne veux pas être complice de cette impolitesse et de cette injustice à leur égard. Je suis convaincu que tout individu qui se sent respecté, considéré et dont l'entourage montre l'exemple, deviendra une personne tout à fait capable de vivre en société en respectant les usages qui ne lui sembleront pas trop absurdes.

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